En 2016, Yamaha présentait au monde, sa nouveauté, la gamme MT-09 motorisée par le pétillant et très réussi bloc CP3. Roadster compact, virulent dans les hauts régimes et doté d’une partie cycle joueuse et d’un prix abordable, le succès ne pouvait être qu’au rendez-vous. Laissant sur leur faim les motards recherchant une plus grande polyvalence, la MT-09 Tracer se montrait au grand jour. Vue comme la remplaçante tant attendue de feue la TDM 900, elle se montra vite comme bien plus que cela.
Epaules larges, face avant affûtée, selle étroite réglable, partie-cycle amusante bien que frivole par moment, prix contenu et toujours ce fameux CP3. Votre serviteur a possédé 2 exemplaires de cette version et en garde un excellent souvenir. Ensuite, est venue la première mise à jour en 2018 avec la Tracer 900 qui se dotait d’un bras oscillant plus long, stoppant les soucis de louvoiements connu sur la première Tracer du nom. Ayant essayé les évolutions suivantes et les différentes déclinaisons apparues, à savoir la version GT. Celle-ci de dotait de valises de FJR1300 city à la petite capacité de 22 litres. Les suspensions réglables faisaient leur apparition ainsi que le Quickshifter en version Up only.
En 2021, l’appellation Tracer 9 devient officielle et concerne la 7 autant que la 9. Une version de base côtoie une version GT qui se dote de suspensions pilotées. Le look est grandement revu, la silhouette reste certes reconnaissable mais on sent une version plus adulte de l’enfant perturbateur de la famille. Perturbateur car cette Yamaha a engrangé un succès commercial, a conquis les cœurs et truste les podiums de vente. Nous allons parler ici ensemble de notre essai de la version haut de gamme, la sus nommée Yamaha Tracer GT+, rien que ça.
Quand Yamaha prend la décision de ne pas adapter la FJR1300 aux normes Euro5, elle vide son catalogue de sa seule moto de grand tourisme avec une carrière de plus de 15 années au catalogue, des années de véhicule de service pour les forces de l’ordre et grande amie des voyageurs qui aiment concilier confort, puissance et comportement dynamique. Pour ne pas voir ces clients quitter le giron Yamaha, il fallait trouver un modèle qui pourrait prendre cette place. Et ainsi naquit cette version GT+. Nous allons prendre le temps de détailler assez profondément cette version sur laquelle repose pas mal d’espoirs et qui va devoir remplir les attentes d’un public devenu exigeant et qui a le choix entre une longue liste de motos de ce type.
Le bloc moteur CP3 a toujours la charge d’emmener la Tracer 9 GT+. Il est conforme aux normes euro5, développe maintenant 119Cv à 10.000T/min et offre un couple de 93Nm à 7000 T/min. Il cube toujours 890cm³ avec des pistons forgés, 4 soupapes par cylindre. Son caractère explosif provient du calage Crossplane de son vilebrequin à 120° et son agrément dans les mi-régimes ne laisse personne indifférent. Ce bloc est la cause principale du succès de cette série Mt-09 quelle que soit son modèle, MT09, Tracer 9 ou encore XSR900 qui arrive en 2024 dans une sulfureuse version GP de toute beauté.
Pour offrir l’agrément de conduite et la possibilité d’exploiter son potentiel au quotidien et par le plus grand nombre d’entre nous, 4 cartographies sont présentes : sport, Normal, Rain et Personnalisé.
La différence entre ces modes est sensible. Le mode Sport rend la Tracer 9 plus brutale, plus réactive mais aussi moins agréable niveau confort de conduite. Le mode Rain assistera le pilote sous les fortes pluies ou autres conditions climatiques précaires. Pour l’avoir essayé sous notre drache nationale, c’est un +. Le mode Personnalisé permet d’affiner les réglages et de se créer sa moto idéale. Ces modes sont possibles par l’adjonction d’une centrale inertielle à 3 axes et 6 directions. Elle prend en charge le Ride By Wire, le TCS à 3 modes, le contrôle de glisse, le contrôle de Wheeling et l’ABS. Sans oublier l’éclairage adaptatif en virages qui module la luminosité des phares Leds avant pour améliorer la qualité de l’éclairage devant la moto.
Pour monter ou descendre les 6 rapports de la boîte de vitesse, un nouveau Quickshifter Up&Down prend place à bord. Il est souple et se montre facile à l’usage. Particularité, il autorise de rentrer un rapport en accélérant ou de monter un rapport sans mettre les gaz. Testé et approuvé, il s’est montré pratique lors d’une relance vigoureuse pour dépasser une colonne de camions.
La Tracer 9 GT+ s’offre les services d’un radar qui va ajuster le régulateur de conduite (ACC), actif entre 30 et 160 Km/h chez nos voisins Teutons. Réfractaire à trop d’assistances, il nous faut avouer que sur les longs trajets autoroutiers ou sur route Nationale avec un trafic chargé et variable, ce système offre 4 distances de suivi réglables au guidon par une gâchette.
Simple et efficace. Ce système commence à équiper certaines motos et pas des moindres : BMW S1000XR, KTM 1290 Super T, Ducati Multistrada V4. La Yamaha rejoint un club de motos de tourisme dit rapide, ce qui est un beau compliment. Cet ACC s’accompagne d’un nouveau et inédit système de freinage d’urgence UBS lié au radar. Le freinage est couplé et le système décide de l’activer ou non lors de dépassements ou autres manœuvres.
Qui dit freinage, dit efficacité sur le gamme Tracer. Depuis sa sortie en 2016, les freins ont toujours été performants. On trouve les deux étriers radiaux à 4 pistons mordant des disques de 298mm pour l’avant, renforcé par un nouveau maître-cylindre Nissin radial lui aussi. Puissance et progressivité sont ses atouts.
L’arrière se contente encore du simple piston mordant une galette de 267mm. Le tout est activement encadré par l’ABS.
La tracer 9 GT possède déjà des suspensions actives et la GT+ en fait également usage. Deux modes de suspensions, Sport et Confort permettent de moduler leur action. La fourche offre un débattement de 130mm et l’amortisseur arrière placé horizontalement 137mm.
Ce dernier est monté sur biellettes et prend en charge le bon fonctionnement du bras oscillant en aluminium. Ces suspensions sont actives, offrent une tenue de route saine en toutes circonstances.
Les roues sont nouvelles aussi. Il s’agit des magnifiques jantes en Alu de type SpinForged à 5 doubles bâtons en 17 pouces.
Yamaha dote ses Tracer 9 d’excellents Bridgestone BT32 en 120/70/17 et 180/55/17. Ces jantes offrent un gain de poids non négligeable et réduisent ainsi les masses non suspendues.
L’autre atout de la Yamaha Tracer 9 GT+ est son poids contenu. 230KG avec ses deux valises rigides livrées de série. Pas mal du tout surtout associé avec une hauteur de selle (chauffante) de 820mm (réglable sur 15mm), cela permettra même aux moins grands d’entre nous de se sentir safe sur la Tracer 9 GT+. Cette selle est étroite au niveau de l’arche avant et permet de poser les deux pieds bien à plat. Rassurant lorsqu’il s’agit d’embarquer un passager, ce qu’invite fortement cette déclinaison.
Les bagages, les suspensions, la selle confort passager (chauffante aussi), la béquille centrale, les poignées chauffantes et l’autonomie certaine de 300km ouvrent les possibilités de voyage.
A noter que les valises sont d’une capacité de 30 litres et sont installées sur un montage flottant ce qui annihile les mouvements en roulant chargé. Triumph propose ce système sur sa gamme Tiger aussi. Un top case Yamaha de 24 Litres peut se rajouter et les accessoiristes se sont déjà penchés sur le berceau de la Tracer 9 donc, toutes vos envies seront comblées.
La position de conduite offerte par cette Tracer 9GT+ reste dynamique pour le pilote. Les jambes ne sont pas exagérément pliées et les pieds ont encore et toujours cette position typique vers l’arrière. Top pour un contrôle idéal de la moto, moins pour l’ergonomie sur un long parcours.
Le passager est très bien loti, les repose-pieds sont bien placés et la selle moelleuse. Ces selles sont d’ailleurs recouvertes d’un cuir de qualité qui apporte un + au visuel.
Le tableau ou plutôt ordinateur de bord est un écran Tft de 7 pouces, commun au T-Max et au Niken. Il ne se trouve offert que sur cette version GT+, dommage tant il est au top comparé aux deux petits écrans séparés des versions de base et GT.
Au centre de celui-ci, le compte- tours occupe la place principale quelque soit le look choisi (3 possibilités). Sur le pourtour de cet écran Tft, les informations nécessaires se disposent et s’offrent à la vue du pilote.
Il est commandé par un joystick présent sur la poignée gauche au guidon. Les comodos sont aussi communs avec le T-Max, économie d’échelle oblige. Cela ne contrarie en rien l’ergonomie qui se montre remarquable au vu des nombreuses possibilités de commandes que gère ce joystick.
Gestion des poignées chauffantes, des modes de conduites, réaction de la poignée de gaz, le TCS et le SCS, les multiples possibilités multimédias se commandent aussi via ce canal.
Pas de panique, si vous vous perdez dans les multiples réglages, un bouton poussoir situé en dessous permettra de revenir rapidement à l’écran principal. Et les comodos sont rétroéclairés, ce que n’offrent pas encore toutes les rivales même les plus chères. Cet écran est aussi le centre de contrôle de la navigation intégrée Garmin (activable et nécessitant un abonnement spécifique), de la téléphonie, de la gestion de vos playlists musicales.
Connexion par Wifi ou Bluetooth au choix mais L’application gratuite MyRide de Yamaha se révèle indispensable pour gérer le tout. Installée très facilement, elle est simple et conviviale. Ayant prix cette mauvais habitude coupler notre smartphone à notre moto perso, nous avons apprécié cette possibilité. La route est moins longue ou monotone en musique. Pour l’usage du smartphone au guidon, nous ne ferons pas de commentaires ni n’ouvrirons une potentielle polémique entre ses détracteurs et ses fans. Cet usage est ici possible, la décision vous appartient.
Pour maintenir votre smartphone et sa batterie en état de vous seconder sur la route, une prise USB se trouve présente sous le combiné d’instruments.
Bon, on a fait le tour des principaux équipements en dotation sur cette Tracer 9GT+, allons rouler.
Contact, bruit d’injection, et hop, feulement ou plutôt grondement sourd du bloc CP3.
La ligne d’échappement de type 3 en 1 se trouve toujours sous le moteur mais la sortie du silencieux fait face à la route, projetant les décibels moteur avec force sur l’asphalte. Cool ! La moindre rotation de la poignée de gaz entraîne le compte-tours dans une danse folle vers les haut régimes, sans inertie aucune et le grondement se renforce et laisse place à un grognement fort et sourd. Un régal pour vos oreilles et pas trop dérangeant pour le reste du monde. Les conduits d’admission de la boîte à air ont été travaillé sur leur musicalité. Cela peut sembler futile mais cela participe au plaisir de conduire, euh de piloter cette Tracer 9 GT+.
Piloter la Tracer 9GT+, oui, sa partie-cycle et son moteur vous y invitent constamment. Le châssis est sain, les freins performants et les assistances électroniques veillent au grain. Le radar apporte sa plus-value à l’ensemble et même s’il n’est pas efficace dans tous les cas de figure rencontrés sur la route, il est un assistant fiable. Sur cette Tracer 9 GT+, l’injection est devenue mieux paramétrée et fini les à-coups des anciennes versions. Vous tournez la poignée de droite et la Tracer 9GT+ bondit en avant vigoureusement.
Il est certain que d’utiliser le régulateur de vitesse sur voie rapide sauvera votre permis de conduire tant elle invite à jouer et les vitesses atteintes en quelques secondes deviennent déraisonnables. Seule la protection face au vent reste à notre avis perfectible. Nos épaules larges de rugbymen restent non protégées et la finesse du châssis expose les jambes aux éléments. La bulle réglable manuellement est efficace pour notre 1.82m sous la toise et les fortes pluies rencontrées lors de notre essai étaient déviées du casque. Bon pour la visibilité et donc la sécurité. Le moteur CP3 est un Pitbull dans un smoking, sous un air de gentille sauterelle voyageuse, cette Tracer 9GT+ offre de performances de premier ordre. Il ne faut pas la sous-estimer car elle offre punch, hargne et facilité malgré ses 890cm³ et 119cv.
Sinon, pour l’ergonomie, le large guidon cintré vers le pilote ne casse pas les poignets et l’inclinaison des bras reste acceptable malgré les kilomètres qui s’enchaînent.
Notre postérieur ne se plaint pas la selle et les repose-pieds revêtus de caoutchouc pour le pilote ne laissent pas trop passer les vibrations. Oui, le moteur vibre lors de forte charge, rien de désagréable à régime usuel mais c’est un point connu et il faut le signaler. Les bagages ne grèvent en rien la tenue de route et chaque sortie de virage ou montée d’autoroute est un départ de grand-prix. Banane sous le casque garantie !
Les rétroviseurs sont bien connus et offrent toujours le même niveau de service. En fonction de votre gabarit, des extendeurs sont disponibles chez les accessoiristes. Ils ne vibrent pas et offrent une image claire de ce qu’il se passer derrière vous. L’éclairage est puissant donc rassurant par ces temps d’économie où les villes coupent l’éclairage public la nuit.
A la regarder assis sur un banc 5 minutes avec vous, il nous faut constater que cette robe bicolore Icon Performance lui sied à ravir. Cette combinaison de gris et de noir coupé d’une ligne dorée lui apporte classe et sportivité sans basculer dans le côté obscur du tuning de bas niveau. Les Tracer ont toujours été bien dotées en coloris spécifiques et le seul soucis de cette version, c’est qu’elle n’est offerte que pour la GT+.
Brave à bas régimes, vive jusque 5000T/min, particulièrement vive vers les 7000T/min, cette Tracer 9 GT+ est une moto réussie. Elle permet de conjuguer l’inconjugable, à savoir le sport et le voyage. Revue du côté de l’ergonomie, dotée de techniques modernes, d’une consommation mesurée. Innovante par ce freinage d’urgence combiné UBS, connectée par ce Tft de 7 Pouces, confortable par ses suspensions actives, cette Tracer 9GT+ donne du travail à ses pneumatiques et des envies de rouler à son pilote. Votre serviteur a toujours eu une tendresse particulière pour cette moto qui figure sur notre podium des réussites tout en gardant un œil très critique car comme on le sait : qui aime bien, châtie bien.
Alors, les points qui fâchent sont peu nombreux et offriront à la marque d’Iwata de nous offrir une meilleure version la prochaine fois. La sonde Lambda en est un exemple, exposée aux attaques de la route, non protégée. La selle pilote qui n’offre pas de recul, les arrêtes de la selle passager qui pressent les jambes. Les valises qui offrent certes 30 litres chacune mais qui ont une forme alambiquée. La consommation qui peut varier de 4.8L en usage cool à une bon 7.6L/100Km en jouant et tant les 18 litres du réservoir que votre style de conduite exerceront une influence sur votre autonomie.
La protection face aux éléments étant donné son design de la partie avant. N’oublions pas non plus la forte évolution du prix. Si la version de base s’échange contre 12.499€ et la version GT s’échange à 14.999€, notre version d’essai se monnaie contre 16.999€ auquel il faut encore rajouter 2749€ pour le Travel Pack PRO.
Dans cette gamme de prix, la concurrence est présente et le combat sera rude. Les constructeurs se montrent agressifs dans ce segment qui remporte un franc succès donc porteur en part de marché.
La Yamaha Tracer 9 GT+ a pour elle sa polyvalence, son caractère, son poids contenu et une certaine homogénéité. Ces éléments sont en balance avec une protection en retrait comparé à une Versys 1000, au caractère d’une Multistrada 950, au comportement d’une Tiger 900PRO.
Le choix sera difficile mais la Yamaha Tracer 9GT+ est une formidable moto qui procurera contre un paquet d’Euros un plaisir de tous les instants, une fiabilité avérée et la maturité d’une 3ème version depuis son lancement. Et puis, quand le cœur parle, la raison écoute…. C’est souvent un sinon le critère d’achat principal d’une moto et sur ce point-là, la Tracer 9 GT+ marque des points, beaucoup de points.
Lolobadboy
