Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

La dernière née de la série MT n’est évidemment pas la plus sophistiquée à émerger du « Côté obscur du Japon ». Mais ne vous focalisez pas sur ses carences en puissance ou en électronique, car son attractivité est bien réelle. Avec cette MT-03 2018 que nous testons les premiers, la menace vient d’en bas !

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Certes, la plupart des prétendantes de cette cylindrée hybride (R3, Z300, CBR300, RC390, …) s’adressent avec prédilection aux détenteurs du permis A2 ; pourtant leur potentiel ne les limite pas à ces récipiendaires en mal de leurs premiers frissons sur deux roues. Au contraire, un amateur de grosses cylindrées, adepte de la piste peut aussi jouir du plaisir d’essorer la poignée droite sans être instantanément mis sur orbite. Et puis, les coloris 2018 retenus par Yamaha font mouche, surtout en bleu et noir, à la fois classe et crapuleux…

La ville sans vilenie

Installé au centre de Tubize, l’importateur Yamaha vous impose d’étalonner sa nouveauté à l’aune urbaine dès que vous quittez ses locaux. Mais accordons-nous un tour du propriétaire avant de mettre gaz… L’ascendance de la MT-03 est criante : au premier coup d’œil, on pourrait aisément se méprendre en la confondant avec une MT-07 voire une MT-09, car son gabarit, quoique plus compact, n’en est pas très éloigné. La finition est bonne et la ligne agressive à souhait est sublimée par les coloris 2018 ; les jantes allégées à 10 branches viennent rehausser un tableau que ne ternissent nullement ni l’optique avant à forte personnalité, ni l’instrumentation lisible et complète (avec ordinateur de bord) ni l’échappement correctement intégré à la ligne générale et dont la sonorité à hauts régimes n’est pas sans rappeler celle de la nouvelle R6.

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

« Tu verras, elle ne consomme rien, je m’en suis aperçu en la rôdant, nous confie Christian, le mécanicien maison. Bon, elle n’a que 400km, mais elle donne déjà pas mal » De fait, notre MT-03 d’essai s’est contentée d’une moyenne de 4,8L/100km en étant systématiquement conduite en mode "personne ne passe". Par contre, en respectant les limitations de vitesse, elle est descendue à 3,4L, ce qui la rend aussi sobre qu’un scooter 125 tout en affichant des performances incomparables. Jugez-en plutôt : ce petit bicylindre parallèle résolument supercarré et contemporain avec ses 42 valeureux canassons a emmené la grande carcasse de votre serviteur et ses 100kg (au moins !) à 175km/h au compteur alors qu’il n’avait pas encore roulé 500km. Des chiffres flatteurs corroborés par le fait que nous avons accroché un 157km/h compteur en couple ; ce qui rend la MT-03 aussi performante que le mono d’une KTM RC390 pourtant légèrement plus puissante (45cv). Une belle perf’ à mettre l’actif de cette 321cc aux trois diapasons.

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Dès qu’on s’installe aux commandes de cette « pas si petite » moto, on s’aperçoit que l’ingénierie Yamaha n’a pas conçu une MT au rabais car l’ergonomie y est aussi soignée que la finition. Grâce à la selle plutôt basse (780mm, comme sur la R3) malgré un arrière surélevé, un pilote d’1m60 pose aisément ses pieds au sol tandis qu’un conducteur de grande taille n’éprouve pas plus de difficulté à y trouver ses marques. C’est que le triangle guidon (plutôt étroit), repose-pieds (idéalement situés) et sellerie (moelleuse et échancrée) définit une position de conduite relaxante et naturelle qui n’interdit cependant pas une bonne lecture du revêtement routier. Quittant les locaux de l’importateur, la MT-03 vous met instantanément à l’aise et sa répartition des masses idéale (avec un peu plus sur l’avant que sur l’arrière) n’y est pas étrangère. Naturelle par essence, la Yamaha met en confiance aussi vite qu’elle dégaine sa cavalerie pour vous arracher à un rond-point, elle plonge à la corde avec une facilité déconcertante, accentuant par là ce côté éminemment fun que son agilité distille également avec brio dans les ralentissements et bouchons inhérents à la ville. Un outil et un jouet à la fois, en somme.

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

La route sans banqueroute

Si la MT-03 brigue l’éméritat urbain avec ses 150kg à sec, c’est néanmoins sur la route qu’elle épanouira au mieux son potentiel et réjouira son propriétaire. Car, qu’on se le dise, 42cv pour un poids plume (1kg de moins qu’une R3), c’est amplement suffisant pour dérider le plus ascétique des conducteurs. Avec cet arsenal, vous déposez virtuellement toutes les voitures au démarrage (y-compris le rascal qui veut s’accrocher!) et, à l’accélération, vous surprenez même des motards aux commandes de machines plus puissantes, comme ce pilote de CBR650R qui n’est toujours pas revenu de voir la sylphide Yamaha s’échapper devant lui et résister vaillamment à sa charge de cavalerie avant de rendre les armes. Respectueux, l’homme avait la victoire modeste au feu suivant : « Je n’aurais pas cru qu’une 300 irait si fort, me lança-t-il laconiquement. Et d’ajouter : on dirait que tu as fait le bon choix ! » Et de fait, l’interrogation lancinante qui nous était déjà venue aux commandes d’autres 300cc s’est refait jour avec la MT-03 : et si une plus grosse moto s’avérait aujourd’hui tout simplement inutile ? Car enfin, cette 300 va largement assez vite pour dominer le flux de circulation, offre suffisamment de brio pour donner la banane, est plutôt confortable malgré des suspensions un peu fermes pour préserver l’efficacité dynamique, consomme (très) peu et est tout de même bien moins dispendieuse que ses consœurs de plus fortes cylindrées…

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Et puis, son petit moteur a le bon goût d’être un bicylindre, ce qui est un gage de fiabilité sur le long terme. Ce moulin bien conçu réussit un tour de force dans la mesure où sa faible cylindrée ne le rend pas asthénique dans les basses rotations, c’est qu’il est calé à 180°, comme les tricylindres anglais ; de quoi favoriser donc le couple et la réponse en bas du compte-tours. S’il ne peut offrir l’élasticité proverbiale d’un gros 4-cylindres, il s’avère pourtant raisonnablement souple et bienveillant, bien secondé qu’il est par des transmissions des plus suaves. Certes, sa vigueur s’éveille surtout à 6500rpm, mais cela ne signifie pas qu’il soit paresseux en dessous. En tous cas, dès ce seuil, le léger bicylindre fait preuve d’une belle volonté et il se rue littéralement à l’assaut de la zone rouge entre 9000 et 13000rpm, régime où intervient le rupteur, d’ailleurs secondé par une shift light bien utile –et bien visible- vu l’allant réjouissant de la mécanique.

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

A bout de tout

C’est vrai, on peut regretter que ses leviers ne soient pas réglables et que les suspensions signées Kayaba se contentent en tout et pour tout d’un réglage de précharge à l’arrière ; mais après tout, on ne va pas non plus l’aligner en course et le fait est qu’à son guidon, on se moque bien de ces petites limitations tant la facilité et le plaisir sont au rendez-vous. Sous la selle ? Pas de miracle, juste de quoi emporter un bloque-disque compact, mais c’est l’essentiel.

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Du côté de la monte pneumatique, Yamaha n’a heureusement pas lésiné -comme certains constructeurs le font sur les petites cylindrées- et la MT-03 arbore un jeu de Bridgestone S20R qui s’avèrent intraitables dès qu’ils sont à température (ça leur prend une dizaine de kilomètres tout de même), que ce soit sur le sec ou sur revêtement humide, c’est à souligner. C’est tant mieux, car les enveloppes doivent composer avec un système de freinage, doublé de l’ABS évidemment, qui privilégie clairement la progressivité au détriment du mordant. On reste même un peu sur sa faim et on est content de constater que l’élément arrière offre, lui, une belle puissance très utile pour seconder un avant (disque de 298mm) dont l’attaque est trop douce selon nous. Voilà qui est étonnant puisque la R3 dotée d’un freinage identique faisait meilleure impression… Certes, ce freinage reste bien suffisant et c’est peut-être en habitué de grosses cylindrées mieux nanties que nous jugeons ici alors que la grande majorité des utilisateurs n’y trouverait rien à redire. Soulignons que l’ABS s’est avéré d’une belle discrétion, même en pilotage plus sportif, lorsqu’une approximation devient possible…

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

De leur côté, les suspensions Kayaba assurent à la moyenne MT –la petite, c’est la 125 !- un confort convaincant, notamment la fourche de 41mm de diamètre qui s’y entend également fort bien pour assurer un guidage de qualité avec un bon retour d’informations vers le pilote. Le combiné arrière se montre un peu moins prévenant mais qu’à cela ne tienne, il est alors fort bien secondé par la sellerie moelleuse qui vient compenser le phénomène. En termes d’efficacité dynamique pure, la MT-03 ne souffrira un peu que sur mauvais revêtements ; dans ce cas, le tarage de suspensions privilégiant le confort lui fera (un peu) perdre de sa superbe, mais dans une mesure très acceptable. Elle se rattrape de toute manière grâce à une maniabilité hors pair qu’elle doit autant à son empattement court qu’à son angle de chasse idéal (25°, comme sur la R3). Pour offrir du plaisir à son pilote donc, la MT-03 répond toujours présent même si c’est avec un peu moins de rigueur sur les grosses aspérités bitumeuses. En tous cas, cette MT aime son pilote…

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Plus gros n'est décidément pas mieux

Indéniablement, cette MT-03 nous a laissé le même genre de sentiment que d’autres 300 essayées précédemment (R3 et RC390 en tête) : cette perplexité qui amène à se poser la question de la pertinence des plus grosses cylindrées dans le contexte actuel. En effet, à l’exception peut-être de son freinage, cette MT-03 fait tout bien, distille du plaisir à son propriétaire, fait courir moins de risques et respecte davantage la conscience environnementale. D’aucuns posent à son adresse la question du positionnement tarifaire ; il est vrai qu’à 5790€ l’exemplaire, une MT-03 n’est pas si loin du best-seller MT-07. Nous pensons cependant qu’elle offre d’autres plaisirs par la grâce de sa vivacité et de son poids plume: la MT-03, c’est une école de pilotage et de plaisir que chacun peut exploiter dans son intégralité ou peu s’en faut.

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Yamaha MT-03 2018: plus gros n’est pas mieux

Rude42
Je suis motard et rien de ce qui est motard ne m'est étranger. Motard dès l'âge de huit ans et journaliste/essayeur moto depuis 1988. Une expérience tout à votre service...

Articles similaires

Commentaires

  1. J’en suis à ma deuxième.en 2016 j’ai paye 4877 euros avec le porte bagage (119)offert et monté + carte grise et gravage offerts.
    En juin 2019 j’ai racheté la même en noire
    5024 euros avec les mêmes « cadeaux »
    Le prix officiel de base dans les 2 cas était
    de 5300 euros…
    5700 euros ,chez qui?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

[fbcomments url="http://peadig.com/wordpress-plugins/facebook-comments/" width="375" count="off" num="3" countmsg="wonderful comments!"]

Suivez-nous

15,364FansLike
201FollowersFollow
2,530SubscribersSubscribe
Publicité

Populaire cette semaine

Publicité