Les marques lituaniennes connues dans nos régions ne sont guère nombreuses. Parmi elles, Pando Moto a certainement droit à sa place au soleil. Nous nous en assurons en testant un ensemble tous temps constitué de la veste M65 et du pantalon Triton.
Originaire de Vilnius, la capitale de l’Etat balte, la griffe Pando Moto mérite qu’on focalise sur elle l’attention des motards. Avec son slogan Engineered by riders, elle promeut son désir d’efficacité opérationnelle tout en restant fidèle au noir, la couleur patrimoniale des amateurs de deux-roues. Mais ce classicisme assumé n’est pas synonyme de passéisme. Les deux vêtements que nous testons ici sont constitués de cordura haut de gamme (1000D, dont chaque fil est un alliage de 9 filaments) et embarquent des éléments affichant un double A en termes de sécurité. Rappelons que le label AA signifie une sécurité de haut niveau qui ne grève pas le confort et l’agrément du vêtement. Et nous verrons que c’est effectivement le cas ici.
Nous avions déjà eu l’occasion d’essayer le très versatile gilet Phantom, aussi à l’aise à moto, qu’à vélo ou en trottinette mais ce dernier péchait par son manque d’imperméabilité. Rien de tel dans notre ensemble qui a le bon goût d’être étanche sans couche supplémentaire puisqu’il profite du laminage d’une membrane invisible waterproof 10000 sur sa surface extérieure. « Waterproof 10000 » signifie que le vêtement est conçu pour vous laisser au sec malgré une journée entière sous la pluie. Et précisons que toutes les coutures sont scellées pour accroître l’étanchéité.
Pando Moto: une histoire qui remonte
Certes, Pando peut se faire mieux connaître dans nos régions. Pourtant, c’est en 2011 déjà que tout a commencé par une collaboration avec la concession Harley-Davidson installée… au rez-de-chaussée de l’atelier Pando. Aujourd’hui, la collaboration avec la marque à l’aigle se poursuit de plus belle tandis qu’elle se développe également en 2025 avec Royal Enfield. On le voit, Pando Moto est attaché aux constructeurs patrimoniaux et cela n’est peut-être pas pour rien dans le classicisme général affiché par des collections où le noir prévaut. Si ce sont surtout les jeans qui ont fait connaître les Lituaniens au grand public (leur catalogue en présente toujours de nombreuses déclinaisons), ils se sont à présent largement diversifiés et peuvent s’enorgueillir d’une croissance de 20% sur l’exercice 2024. A Vilnius, on ne s’en cache pas : faire de Pando un leader du vêtement moto premium est l’objectif principal.
Pando Moto : un concept judicieux
A ce point de vue, Pando nous rappelle l’approche anglaise qui est celle de RST ou de Knox : on essaie soi-même ses créations avant de les commercialiser et on écoute les réactions des utilisateurs pour adapter les produits à leurs remarques. A notre avis, il n’y a pas de meilleure stratégie que celle-là car des ingénieurs et des designers qui ne roulent pas eux-mêmes peuvent toujours faire fausse route… En pratique, quelle est la différence, me direz-vous ? Simple : les équipements Pando sont bien pensés, élégants, fonctionnels et sans défaut notoire. Voyons cela à l’aune de notre essai.


M65 et Triton : un couple classe et léger
Au déballage, on note un packaging soigné et le fait que chaque vêtement est fourni avec sa housse pour un rangement soigné et à l’abri de la poussière. On y trouve aussi une carte de remerciement signée par le fondateur de la marque et c’est une attention appréciable. Chez Pando, la sobriété est une valeur cardinale et notre équipement ne cherche pas à « en jeter » plus qu’il ne faut ; ainsi, tous les marquages sont discrets (même les réfléchissants) et l’allure générale reste clairement celle de vêtements civils. Nous avons d’ailleurs souvent utilisé la veste en tant que streetwear, et bien malin celui qui y reconnaîtrait une veste de moto. C’est là, selon nous, une qualité marquante car votre équipement profite d’une double utilisation possible. Comme ce pourrait être le cas avec des produits Barbour ou Belstaff, des comparaisons valorisantes que ne renieront sans doute pas les Lituaniens.
Autre élément frappant : le poids léger de la M65 et du Triton. Alors qu’un ensemble RST que nous testions simultanément dépasse allègrement les 7kg sur la balance ( !), nos deux pièces Pando se contentent de 4kg, soit une réelle légèreté pour un équipement tous temps, en taille XXL qui plus est. Conséquence directe de ce poids contenu, du toucher doux et souple du cordura et du col en velours : l’ensemble Pando Moto est clairement un des plus confortables et un des plus agréables à porter au guidon que nous ayons testés. En fait, c’est un peu comme si on roulait avec des vêtements de ville : on ne se sent ni serré ni engoncé, les protections se font complètement oublier et la veste comme le pantalon épousent harmonieusement vos mouvements. Nous l’avions déjà constaté avec le hoodie phantom : chez Pando Moto, le confort est un maître-mot. Puisque nous évoquions les protections, précisons qu’elles sont signées D3O, un manufacturier qu’on ne présente plus dans ce domaine, et dont les productions se démarquent par une légèreté et une finesse qui les font passer inaperçues.
Pour maîtriser le poids, Pando fait l’impasse sur tout ce qui est superflu : les poches à rabat sont étanches mais se passent de tirettes supplémentaires, la doublure thermique (un classique Thinsulate de 3M) ne duplique pas la poche intérieure de la veste et les réglages se limitent à un velcro aux poignets ainsi qu’à des pressions à la taille. De même, sur le pantalon (doublé mais sans insert thermique), le bas des jambes ne se règle que par des pressions, sans les sempiternels zips. Au départ, cette économie de moyens surprend mais à l’usage, on se rend compte que rien d’essentiel n’a été sacrifié par les concepteurs et que la veste M65 comme le pantalon Triton font ce qu’ils ont à faire sans lacune. Bien joué !


Mais encore ?
Vous avez remarqué qu’il a beaucoup plu ces derniers temps ? Question ironique quand on sait que cet hiver a été le plus sombre de l’histoire. Eh bien la pluie, Pando gère ça très bien. En tous cas, sur notre trajet habituel de 65km dont 50km d’autoroute, de (très) fortes pluies n’ont jamais traversé le cordura. Avantage annexe : grâce au laminage de la membrane étanche sur leur surface extérieure la veste et le pantalon ont le temps de sécher avant de reprendre la route dans l’autre sens… Dans la douceur de ce début mars, nous avons aussi constaté qu’une fois débarrassée de son Thinsulate, la veste respire plutôt bien. Quant au pantalon, il est pourvu d’aérations sur les cuisses (et d’un extracteur lombaire) ce qui le rend très agréable à porter. Du moins par 20° sous le soleil ; on n’a pas eu plus chaud depuis que nous roulons en Pando.

Jusqu’ici, vous le voyez, l’équipement Pando signe un sans-faute. Simplifié, élégant, supérieurement confortable, étanche ; autant de caractéristiques qui le situent dans le haut de gamme, comme le veulent ses créateurs lituaniens. Quant au tarif, il reste raisonnable dans ce segment : la veste M65 vaut 419€ mais est actuellement proposée à 295€ sur le site Pando (ajoutez 49€ si vous souhaitez une protection dorsale) ; le pantalon Triton vaut lui 319€ et est fourni d’origine avec les protections de hanches.

A l’usage, nous n’avons à déplorer que deux points plus faibles pour cet équipement Pando : les poches sont étriquées et, surtout, son isolation thermique est insuffisante pour rouler dans le gros de l’hiver. D’abord parce que le pantalon ne dispose d’aucun insert dédié et ensuite car le Thinsulate de la veste ne résistera pas aux grands froids. De nos multiples expériences hivernales, il ressort que tels quels, la M65 et le Triton vous permettent de rouler confortablement jusqu’à 8/9°, le froid se manifestant d’abord sur les jambes, naturellement. S’il fait plus froid ou que votre route est longue, il faudra vous équiper davantage. Ainsi, pour rouler par zéro degré, nous portions une sous-couche et un gilet chauffant ainsi que deux sous-couches thermiques sur les jambes. Cela n’est pas rédhibitoire, mais il faut le savoir. Tout comme il faut savoir que le pantalon Triton, disponible aussi en version longue, taille plutôt petit.


Au total, on sort de cet essai heureux d’avoir découvert une marque dont les produits se comparent sans problème à ceux de gammes à la réputation bien établie.