Yamaha R9, Le CP3 en mode sport

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Le marché des motos supersports et hypersport est devenu un créneau de niche, les volumes de vente se sont effondrés avec les années. Il est évident qu’il est difficile de pouvoir exploiter une moto de sport de 200 chevaux sur route ouverte. D’abord, parce que c’est illégal et ensuite, parce que c’est totalement impossible au vu de la circulation, du trafic présent sous nos routes. Leur place est sur circuit, elles viennent de là et elles devraient y être exploitées normalement. Mais il existe toujours une poignée d’irréductibles pour lesquelles une moto est une moto de sport, avec ses qualités et ses défauts qu’ils apprennent à apprivoiser avec le temps. Les normes d’homologation de plus en plus strictes et de plus en plus rapprochées au niveau du changement font que développer une moto hypersport est un budget énorme pour un constructeur avec un chiffre de vente qui ne favorise pas la rentabilité. Si vous regardez autour de vous en roulant vous croiserez beaucoup plus de Maxitrail que de supersports. Yamaha a depuis de nombreuses années été à la pointe des motos de sport depuis la gamme des FZR ou autres YZF et depuis l’arrivée de la sulfureuse R1, Une Yamaha de sport était une référence pour leurs afficionados.

Cette fameuse Yamaha R1 dans sa dernière évolution est une moto qui est réservée à un usage exclusif sur circuit. Elle y a totalement sa place et a donc quitté le monde des motos homologuées. Sa disparition du catalogue des ventes laisse un grand vide dans le cœur des fans de la gamme Yamaha. Nous avions pu essayer la Yamaha R 7 équipé du moteur CP 2 et qui était censé attirer les plus jeunes fans vers le giron de la marque d’Iwata. Il faut reconnaître un certain succès à la plateforme CP 2 mais une sportive développement septante-trois chevaux était loin de faire rêver les jeunes motards. Yamaha a donc remis sur la planche à dessin un projet d’une moto Supersport. Possédant en son sein le fabuleux moteur CP 3, les ingénieurs sont partis d’une feuille blanche afin de lui donner un écrin permettant aux motards d’exploiter ce moteur et aussi lui attribuer un design en accord avec ses prétentions sportives.

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Le cadre d’une moto sportive est un élément principal de sa bonne tenue de route et de ses performances associées à celles du moteur. Le cadre de la Yamaha R9 a été créé pour être rigide sur 3 axes : longitudinal, latéral et en torsion. Grâce à un travail sur les épaisseurs de cadre à différents endroits ainsi que le placement de trous sur ce cadre, on a pu obtenir un cadre léger et aussi rigide. Ce cadre ne pèse d’ailleurs que 9,7 kilos et c’est le cadre le plus léger de la gamme sur un modèle super sport. Étant tellement fier de leur travail, les ingénieurs Yamaha ont attribué la dénomination historique Deltabox à ce cadre. Grâce au travail sur ce cadre et aux éléments périphériques installés sur la Yamaha R9, cette dernière ne pèse que, plein fait et prête à prendre la route, le poids de 195 kilos avec un moteur qui lui développe 119 chevaux. Ces chiffres nous émoustillent fortement le rapport poids puissance est pas mal du tout. Surtout en ayant connaissance du caractère dont fait preuve le moteur CP3 !

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En association avec ce cadre Deltabox, Yamaha dote la R9 de suspensions de haut de gamme. Pour l’avant, la nouvelle fourche inversée KYB au tube de 43 millimètres de diamètre dispose de réglages séparés au niveau de la détente et de la compression sur les tubes gauches comme droit. Chaque tube peut être réglé individuellement, le tube droit est conçu pour l’amortissement en détente et le tube de gauche lui s’occupe de la compression à haute comme à basse vitesse. Il y a aussi des valves dans chaque tube qui ont pour rôle d’optimiser la pression d’huile dans le cylindre tout en la limitant au niveau du fond de fourche. Cette petite valve offre une réponse améliorée de l’amortissement, donne une sensation bizarre au début au pilote mais une stabilité optimale à cet avant. Ce train avant ainsi équipé offre une stabilité et une précision lors d’entrées en virage. Il est à noter que chaque petit clic que vous effectuez sur les réglages à une conséquence sur l’amortissement de la moto.

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 Pour terminer Yamaha dote cette fourche du fameux revêtement Kashima qui apporte une couleur bronze au fourreau pour le look sportif et augmente la résistance des matériaux utilisés. L’amortisseur arrière lui est réglable en précharge, en détente et en compression. Que ce soit sur route ou piste, il satisfera vos besoins. Les débattements de ce système de suspension sont de 120 millimètres pour l’avant et de 118 millimètres pour l’arrière. Il s’agit en tout cas de très bonnes suspensions adaptées à l’usage de cette moto.

Avoir de bonnes suspensions pour une moto sportive est primordiale, le moteur lui est un chapitre que nous reprendrons à part. Nous allons ici parler un peu du freinage qui équipe la Yamaha R9. Yamaha n’hésite pas à aller chercher du matériel chez Brembo afin de doter sa moto du meilleur freinage possible. Une moto de sport voire hyper sport est une moto sensée rouler vite plus sur circuit que sur route mais elle doit donc disposer d’un freinage performant. La Yamaha R 9 est donc équipée d’étriers Brembo monobloc radiaux Stylema. Ces étriers à 4 pistons pincent des disques de 320 millimètres de diamètre. Les pistons de chaque étrier ont un diamètre de 30 millimètres. Le maître-cylindre est lui aussi de type radial. Le disque arrière lui se contente d’un disque de 220 millimètres et d’un étrier à un piston. L’ABS présent à bord et doté d’une centrale inertielle IMU à 6 axes. Il y a un système de contrôle d’intensité de freinage dénommé BC (Brake Control). Petit fait amusant car devenu rare sur les motos actuelles, Yamaha dote cette R9 de durites Aviation. Ces dernières permettent de garder une consistance malgré les nombreux freinages puissants que nous effectuons en roulant sur circuit. Voilà ce qui concerne le chapitre technique sur le freinage.

Passons donc au cœur de cette Yamaha R9, à savoir le moteur CP3 qui l’équipe.

Alors là, j’entends les rires de certains détracteurs qui disent qu’appeler une moto Supersport alors qu’elle se trouve équipée d’un moteur 900 cm³ développant 119 chevaux est une grosse rigolade. Il faut savoir que ce moteur cube effectivement 890cm³ à refroidissement liquide bien entendu, doté d’une injection et d’un double arbre à came en tête. Les valeurs qu’ils développe peuvent faire sourire mais à l’usage, vous verrez qu’elles sont tout à fait cohérentes. En effet 119 chevaux à 10000 tours minutes pour la puissance et un couple de 93 Nm à 7000 tours minutes, ce n’est pas rien. Le caractère moteur est aussi bien présent et se trouve modulé grâce à l’électronique. Pour les moqueurs qui diront que le moteur de la Mt-09 n’a rien de sportif, je répliquerai en vous invitant d’aller en essayer une d’abord. Sachez que la démultiplication, l’allumage et l’alimentation ont été optimisées dans le cadre d’un usage sportif. Ce fameux moteur CP3 est présent aussi bien sur les MT, que sur les Tracer, la XSR 900GP et maintenant sur cette fameuse Yamaha R9. Économie d’échelle ou pas, il trouve sa place ici et ne démérite pas. Ce moteur CP3 est une boule de nerfs, il se montre coupleux à bas régime, bien rempli à mi-régime et se montre agressif dans les tours. Il est plaisant au quotidien, sait se montrer docile et vivable lors de roulages en conditions climatiques défavorables. Si vous tournez la poignée de gaz de façon vigoureuse, il répondra de la même façon. C’est un excellent compagnon de route et surtout un moteur vivant et amusant. Yamaha a clairement réussi ce bloc moteur, le succès des modèles qui en sont étant équipé en est la preuve. La fiabilité qu’il démontre au vu des années qu’il est en circulation est aussi un facteur important. Ce bloc moteur CP3 a en effet une carrière de 10 ans derrière lui déjà. Les différents passages de normes Euro ne l’ont pas trop affecté et Yamaha réussi a lui garder ce caractère bien spécifique de. Pour augmenter le plaisir du pilote, Yamaha a aussi travaillé sur la sonorité de ce moteur. La boîte à air ainsi que l’échappement d’origine participent au plaisir de conduite. Le grondement aux bas régimes se transforme en grognements puissant et en rugissements agressifs lorsque vous atteindrez les hauts régimes dont est capable ce moteur CP3. À nos yeux la ligne d’échappement sportive optionnelle n’est vraiment pas une obligation. Gardez vos sous pour des trains de pneus pour le circuit et autres matériels nécessaires à exploiter pleinement cette Yamaha R9. De plus, vous éviterez ainsi des soucis avec la maréchaussée et garderez d’excellentes relations avec vos voisins.

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Pour garder la moto sur ses 2 roues, le cadre et le moteur sont assistés par des aides électronique. Yamaha dote donc cette R9 de plusieurs assistances et de modes de conduite. On parle principalement d’un contrôle de traction CT, d’un contrôle de glisse, le SCS, et d’un contrôle de freinage comme déjà mentionné dans le chapitre spécifié. La centrale multidirectionnelle IMU à 6 axes travaille donc sur l’angle, assiste le freinage et vous aidera au niveau des différents modes de conduite.

D’origine, cette R9 propose dans le menu ride Control 3 modes de conduite qui sont déjà configurés : Le mode sport, le mode Street et le mode Rain. En plus de ces 3 modes configurés d’usine, il y a possibilité de configurer 2 modes personnels User. Outre ces 2 modes personnels, vous pouvez rajouter 4 modes Tracks. Ces modes sont plus spécialement destinés aux circuits et vous permettront donc de mémoriser 4 réglages pour 4 circuits. Utile pour ceux qui régulièrement roulent sur des pistes différentes et ne devront pas ainsi chaque fois remettre les paramètres dans la mémoire de la moto. Ce qui démontre le potentiel de cette R9 au niveau de pilotage sur piste. Ces différents modes jouent sur le retour du couple moteur sur la roue arrière, sur le contrôle du wheeling et dispose aussi d’un Launch Control. Ces équipements dérivent bien sûr des motos de grand-Prix. La boîte de vitesse qui équipe cette Yamaha R9 est dotée d’un shifter up and down qui permettra de passer les rapports sans toucher à l’embrayage. Celui-ci ne trouve sa valeur que dans les passages de vitesse aux régimes moteurs supérieurs. En effet, à bas régime, le shifter provoque de légers à-coups au moment du changement de rapport. Cette Yamaha R9 est aussi équipée d’un régulateur de vitesse et surtout, une option intéressante, d’un limiteur de vitesse. Ce dernier pourra sauver votre permis de conduire lors de runs sur autoroute où la vitesse légale est très rapidement dépassée sans que l’on s’en rende compte.

En plus de ces réglages qui se feront depuis le comodo au guidon et via l’écran TFT placé devant le pilote, votre moto peut être connectée via votre smartphone à l’application dédiée Yamaha MyRide. Via cette application, vous pouvez rajouter et gérer d’autres modes de conduite, jusqu’à 40 réglages différents peuvent y être enregistrés et transférés sur la moto. Il est nécessaire de les transférer avant le démarrage du roulage. Nous avons donc téléchargé cette application pour l’essayer, elle n’est malheureusement pas des plus intuitives et pour l’usage routier auquel nous avons soumis cette Yamaha R9 lors de notre essai, ses réglages extra via l’application se sont montrés superflus. Autre option intéressante pour les pistards, ceux-ci pourront souscrire un abonnement auprès de Yamaha afin de bénéficier de l’application spécifique Y- Track qui permet d’analyser vos données lors de roulage sur piste. L’écran TFT de 5 pouces a fort à faire pour afficher toutes ces données de façon claire. Les différents modes d’affichage dédiés route ou circuit devront être sélectionnés en fonction de l’usage. Les paramètres affichés sur la route ne sont pas du tout les mêmes qu’en usage circuit.

Voilà qui clôture donc les différents chapitres techniques concernant cette Yamaha R9. Une moto de sport s’achète aussi et surtout pour son look et la ressemblance qu’elle offre avec les motos de compétition de la marque. Sur ce chapitre précis, Yamaha dote nouvelle R9 d’un design directement issu des machines de la marque en Grand Prix. Autant là Yamaha R7 ne nous avait pas convaincus au niveau de son design, autant la Yamaha R9 nous a séduit. Ses lignes effilées, ses ailerons présents sur l’avant et son arrière calqué sur le look de la M1 dégagent même à l’arrêt un sentiment de puissance. On sent l’animal prêt à fondre sur sa proie. Disponible en noir et en bleu, la Yamaha R9 est un prédateur routier. Cette façade avant offre même à l’arrêt un sentiment de puissance à son pilote. Le réservoir doté de ces entrées d’air sur sa face avant est large et permettra de s’y poser sur circuit. La selle pilote, perchée à 830mm permet de se caler et de se mouvoir facilement de virage en virage. Quant à la selle passager, celle-ci nous a fait sourire, il ne va pas être évident de trouver un volontaire pour grimper et je dis bien grimper sur cette minuscule petite selle ainsi que de poser ses pieds sur les reposes pieds perchés en hauteur. D’origine, nous installerions donc directement le capot de selle Racing. L’ensemble de ces lignes et courbes font que cette Yamaha R9 offre un design cohérent avec ses ambitions. Même si elle trouvera sa place sur route auprès d’amateurs, c’est clairement une machine de sport et l’exploitation a plein pot de ses capacités ne se fera que sur piste. C’est une très belle moto de sport, le design est léché, la qualité des assemblages et la peinture n’appellent aucun reproche. Seul bémol, et c’est un avis personnel, elle est beaucoup plus jolie en Icon Blue que dans le coloris Tech Black qui offre un mélange de teintes mates et brillantes. C’est un avis personnel, vous jugerez vous-même de la réussite de cette couleur ou pas.

La position de conduite à bord est clairement dédiée au sport point les demi-guidons sont placés sous le té de fourche et vous serez clairement penché vers l’avant, les jambes repliées et la nuque devra fournir un effort au vu du peu de protection offerte par la petite bulle. Gageons que sur ce circuit, la position de conduite sera idéale parce que sur route, elle se révèle fatigante lors de longs roulages. Il est évident que la Yamaha R9 n’a pas été conçue pour partir en week-end et parcourir 1000 km de petites routes. Si c’est votre recherche, Yamaha possède d’autres modèles avec le même moteur au sein de sa gamme.

En résumé, cette Yamaha R 9 bénéficie de beaucoup de qualité. Doté d’un châssis performant de suspension assortie à ce dernier, fourni équipé du moteur CP 3 qui se révèle ici à sa place, richement équipé en assistance, cette aire 9 est une vraie machine de sport. Elle fera votre bonheur sur la route mais ne se livrera totalement qu’en usage piste.

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Pour conclure cet essai, que penser de cette Yamaha R9 ? Eh Ben, c’est une très belle et très bonne moto. Moteur performant, partie-cycle à la hauteur, freinage endurant, puissant et progressif, électronique installé à bord de pointe. Tous ces éléments font que la R9 est une machine qui peut être reconnue comme une vraie Supersport. Offrant d’énormes qualités sur piste, ces dernières sont des points négatifs sur route. Elle est homogène dans le choix des équipements présents à bord virgule se montre facile de prise en main. Elle manque un peu d’allonge à haut régime et sa position de conduite idéale sur circuit est a priori un point négatif pour la route. Vider le réservoir qui offre une autonomie de plus ou moins 250 km sur route se révélera douloureux pour votre fessier et votre nuque. Ces quelques points d’attention seront vite oubliés en comparaison avec le plaisir de faire rugir ce CP3, de tracer des virages avec facilité. De toute façon, lorsqu’on achète une moto super sport pour l’employer en usage quotidien et non pas exclusivement piste, on sait ce qui nous attend. Le confort est un élément qui ne rendent pas vraiment en compte. Le moteur, le look et l’aura dégagée par la moto sont les éléments primordiaux lors de l’achat d’une moto Supersport. Alors pour résumer ma semaine passée en sa compagnie, la Yamaha R9 m’a rajeuni de 25 ans, je me suis régalé d’accélérations, de gros freinage et de prises d’angles assez impressionnantes. Elle m’a emmené au travail avec un sac à dos, m’a permis d’aller m’amuser avec mes compagnons de route. Elle ne m’a en revanche pas permis d’emmener un passager faire un tour afin de ressentir les sensations offertes par une moto de sport et c’est une chose que les motos de sport de ma jeunesse permettaient. Est-ce que j’achèterais aujourd’hui une Yamaha R9 comme unique moto ? À 55 ans, NON mais à 25 ans OUI !!! Et sans aucune hésitation en plus car pour la somme de 13.999€, vous obtenez une excellente moto de sport, vivable au quotidien moyennant quelques concessions et dotée d’un look et d’un moteur de feu.

Lolobadboy

https://www.yamaha-motor.eu/be/fr/motorcycles