A côté de la Nine T, il y a maintenant cette R12 et on se demande comment classer cette BMW entre nostalgie et modernité.
BMW classe sa R12 dans sa famille Héritage mais j'aurais bien du mal à vous dire si je la trouve plutôt rétro ou plutôt moderne. Il faut dire que notre moto a gagné quelques options et qu'elles changent la donne. Elle semble s'accommoder du strict minimum pour vous séduire : deux jantes de 19 et 16 pouces, un gros Boxer, un réservoir et une selle solo et pas de superflu. Pas de plastique ou de caches qui viendraient gâcher la ligne. Un cardan pour le confort, deux silencieux côté gauche et un grand guidon, voilà qui achève le look de cette moto si particulière.
Enfin, pas tout à fait puisque comme je vous l'écrivais, notre moto a troqué son tableau de bord tout rond pour un minimaliste rectangulaire. C'est jolie et moderne mais il manque une jauge par exemple. Je me relis et je donne l'impression qu'elle ne me plait pas mais non en fait. Je n'ai pas l'habitude même si j'ai déjà testé la R18 et la Nine-T mais c'est un peu comme la Urban G/S, la R12 surprend.
La pièce maîtresse de ce cruiser c'est bien entendu ce Boxer, incontournable même tout de noir vêtu. 1170cc de cylindrée, imaginez, presque deux cylindres de 600cc chacun pour une puissance de 95cv à 6500 tours/minute et un couple de 110 Nm à 6.000 tours. A chaque arrêt, on le sent tanguer de gauche à droite et la moindre rotation de la poignée vous balance en rythme. Magie de la modernité, vous avez même droit à deux cartographies : Rock & Roll. Non, ce n'est pas un morceau de musique mais bien les noms de ces modes. Ca promet !
L'essentiel est bien de rouler alors, on est parti pour un essai de cette R12. Pas de souci pour la selle avec une hauteur de 754mm, tout le monde devrait poser les pieds au sol sans difficulté. Keyless, oui monsieur, il suffit d'un coup sur le starter pour réveiller le Boxer. Oui mais il y a un neiman là ? Oui pour verrouiller la direction.
Et quel démarrage ! Si vous n'avez jamais eu un Boxer entre les mains, la R12 risque de vous surprendre. Il danse la gigue de gauche à droite en suivant le rythme des pistons. C'est particulier mais on y prend vite goût (ou on n'aime vraiment pas). On se pose sur la selle qui pour le coup est très basse, on prend le grand guidon en main et on retrouve les commodos habituels de la marque.
Pas besoin de mode d'emploi particulier, on opte pour un des deux modes de conduite et c'est parti. Forcément, quand ça Rock, ça vous tire encore plus sur les bras. A contrario d'un Speed Twin 1200 par exemple, la position est ici plus relaxe et vous incitera plus à ouvrir en grand à chaque bout de ligne droite plutôt qu'à chercher le meilleur angle pour ne pas perdre de vitesse dans les virages. Cruiser, dragster, vous aurez le choix en fonction de votre conduite mais même avec ses 227 kg, les 95 cv sont bien là et surtout il ne faut pas aller les chercher très haut.
Pas franchement souple; on dira plutôt que ce Boxer a du caractère. Il se montre démonstratif sur une plage moteur plutôt réduite mais vous ne risquez pas de vous ennuyer à son guidon. Il aura par contre vite fait d'engloutir les 14 litres du réservoir, surtout si vous abusez du mode Rock et que vous martyrisez le pauvre 150 à l'arrière. On est vite au dessus des limitations mais aussi des 5 litres au cent. Et forcément, avec le shifter en prime, ça ne risque pas de vous calmer non plus.
N'en concluez pas pour autant qu'elle est juste bonne à se tirer la bourre entre deux feux. On peut franchement aller se promener la truffe au vent. Elle n'est pas non plus un bout de bois et ne vous demandera pas non plus trop d'effort pour l'emmener dans les courbes. Bien que non réglable, la grosse fourche de 45mm et le mono amortisseur au système Paralever encaissent les irrégularités de l'asphalte. Il ne faut pas trop en demander non plus, vous n'aurez pas le confort d'une moto touring et l'absence de protection se fera vite sentir aussi. Ceci dit, vu le gabarit, on n'a pas à se plaindre de la tenue de route. C'est facile, la R12 tient bien la courbe et le cardan se montre tout aussi souple et agréable.
Le freinage est sans surprise avec un double disque flottant, diamètre 310 mm et des étriers de frein radial monobloc à 4 pistons alors que l'arrière est un 265mm à deux pistons. Evidemment l'ABS est de la partie. Pas besoin d'une force herculéenne ou d'utiliser absolument les deux freins en même temps pour s'arrêter, le R12 est résolument moderne et se pilote comme une moto plus que comme un custom.
Désormais habitué aux écrans regorgeants d'informations, ce mini afficheur vous laissera peut être sur votre faim. En plus, les commodos semblent disproportionnés puisqu'ils permettent d'accéder à tous les réglages et informations du tableau de bord d'origine et celui-ci n'en affiche que le minimum. Question de choix bien entendu puisqu'il s'agit ici d'une option. Option 719 comme les autres pièces siglées de ce logo d'ailleurs. Mmmm perso, j'hésite. Celui d'origine est rond, avec un vrai afficheur de vitesse à l'ancienne et un rectangle LCD. Plus classique mais celui de notre moto d'essai fait son effet aussi.
Comme vous le voyez, la R12 est une moto solo, un jouet pour les grands qui aime la belle machine et la belle mécanique. On peut d'ailleurs la personnaliser avec de nombreux accessoires dans le catalogue BMW comme par exemple des jantes à rayons et toutes les pièces Option 719. Notre moto d'essai est d'ailleurs une couleur spéciale avec les accessoires : Thorium. Pas de duo, pas d'aspect pratique, c'est clairement pour profiter de sa moto même si on peut l'utiliser tous les jours malgré tout. Ceux qui ont des grands pieds ou des grandes jambes seront peut être un peu gênés par les deux cylindres .
Il faut par contre passer à la caisse avec un tarif de base de 14.990 €, c'est un beau jouet cette BMW R12. Il faut encore rajouter 2327 € pour l'option 719 avec sa couleur spécifique, une selle spéciale et ses pièces anodisées comme les couvre culasses. Le Confort Pack à 1087 € ajoute le shifter, les poignées chauffantes, le cruise control, l'aide au démarrage en côte. Le petit écran digital étonnamment ne coute que 135 €. Et si vraiment vous voulez en faire profiter quelqu'un, BMW a prévu une option passager avec une double selle et les pose-pieds inclus pour 220 €.
Les magnifiques jantes à rayons vous seront par contre facturées 942 €. Une version comme notre moto d'essai va donc tourner autour des 18.500 €. Quand on aime, on ne compte pas mais là, il faut vraiment l'aimer quand même.