On a testé la Kawasaki Ninja 7, une des premières motos hybrides produites en série et qui pourrait en surprendre plus d'un ou ouvrir une voie vers l'avenir.
Oui, on le sait, certains parmi vous sont réfractaires à l'électrique mais ne partez pas tout de suite, cette moto n'est pas à brancher tous les 50 kms ! Je vais vous expliquer ça et après, j'attends vos avis sur notre page ou la vidéo. En effet, cette Ninja 7 est une moto hybride non rechargeable et je pense qu'elle ouvre des portes à des progrès intéressants même si il y a encore des améliorations à lui apporter.
Elle se décline chez Kawasaki en deux versions : une Z et une Ninja. Notre moto d'essai est donc bien la Ninja et si on lui reconnait un air sportif, on n'est pas non plus au look d'une super sport. Il faut reconnaître que la marque utilise cette appellation mythique à beaucoup de modèles dans cette gamme 2025 : de la ZX10RR à la Z500 SE, il y a un monde en terme de performances.
La moto que je vous présente aujourd'hui a bien un moteur thermique, un bicylindre 451 cc qui va proposer une puissance de 69,4 cv à 10,500 tour/min et là j'ai déjà perdu plusieurs d'entre vous. En supplément à ce bicylindre, un petit moteur électrique va la transformer en hybride. Comme pour les voitures, vous avez ainsi droit à plusieurs modes : Sport, éco, électrique et walk. Je vous en parlerai évidemment un peu plus loin.
Kawasaki ajoute sur sa 7 une boîte automatique que vous pouvez utiliser en mode éco et un ALFP qui est une aide à passer le neutre à l'arrêt. Oui, je sais, ça vous parait confus et c'est vrai qu'au début on tâtonne un peu.
Devant vous, un bel écran TFT de 4,3 pouces est lisible et il peut être connecté à votre smartphone pour les fonctions kit mains libres entre autres. Pour le moment, pas de navigation annoncée sur l'écran mais on imagine que ça pourrait le devenir.
Le casque porté dans la vidéo est le Airoh Matryx et la veste la Macna Corvit que nous vous présenterons par la suite.
Reste à choisir le mode de conduite et c'est parti !
Je garderai volontairement le full électrique pour la fin, histoire de vous garder un peu parmi nous. Commençons par le mode sport !
Ici on passe les vitesses avec les boutons + et - au guidon. Ca demande une certaine habitude et on se trouve souvent tenté de saisir un embrayage qui n'existe pas, tout comme le sélecteur d'ailleurs. Le moteur est vaillant, les accélérations sont sympas et si la puissance est assez haut dans les tours, le couple lui est disponible dès 2800 tours. Pas convaincu ? Auriez vous oublié le moteur électrique ?
En passant en mode sport, les fans de jeux vidéos auront vu la barre de boost. Si, comme sur une console, vous avez à la poignée droite un bouton boost qui va vous donner environ 15 seconde de puissance supplémentaire, peu importe le rapport sur lequel vous êtes. Pas besoin donc de l'utiliser uniquement en sixième.
Ceci dit, il va falloir avoir une certaine dextérité parce que si vous l'utilisez en accélération, il va falloir ouvrir les gaz et appuyer sur le boost à droite et changer les vitesses à gauche. Je vous l'avoue, ça peut être casse tête mais c'est une question d'habitude. Ce petit plus apporte le smile qui pouvait manquer sans toutefois vous la faire à la Fast & Furious avec une bonbonne de "Nos" sous la selle.
Ca ne vaut pas les performances d'une ZX10R, enfin selon moi mais c'est ludique et le petit coup de punch peut être parfois bienvenu.
Passons ensuite au mode Eco ! C'est peut être le mode que vous utiliserez le plus en achetant cette moto ou la Z. Ici vous avez le choix entre boîte manuelle et automatique. En mode sport, vous pouvez juste ajouter le ALFP, ce que je recommande. La moto passera d'elle même au neutre en cas d'arrêt, c'est plus pratique que devoir descendre chaque rapport en cas de freinage urgent.
Le mode éco est comme son nom l'indique, celui qui vous fera consommer le moins puisqu'on peut atteindre les 3 litres au cent ! Les autres modes ne sont pas beaucoup plus gourmand avec max 5 L/100 en sport. Et si on consomme peu, ca va aussi révéler ce qui est pour moi son plus gros point faible : la boîte automatique. Elle est assez douce si vous y allez vraiment mollo avec les gaz mais sa seule obsession est de passer la 6 au plus vite. Vous arrivez à 50 km/h en passant la 6ème. Et si vous ouvrez en grand (ou un peu plus fort) la boîte vous gratifiera d'à coups pas très agréables. Si vous avez déjà testé le DCT d'Honda ou le ASA de BMW, vous serez déçus. Chaque passage marque nettement une pause et une reprise qui donne l'impression d'avoir essayé de passer sans embrayer. Restez zen, vous êtes mode éco semble être le meilleur conseil. En même temps, on peut aussi rester en boite manuelle.
Ceci dit, avec ses 14 litres de réservoir et sa faible consommation, vous avez de quoi faire de belles ballades avant de faire le plein. Ce n'est pas tout, le moteur électrique sera aussi utilisé pour démarrer et le thermique ne se met en route que vers 10 km/h, une façon de démarrer en douceur et dans le silence. Avec cette technologie vous avez aussi un Start & Stop qui va couper le moteur à l'arrêt et se relance en électrique avant le thermique, nul doute que ça aide à la consommation, surtout en ville. Le passage de l'électrique au thermique se fait sans choc et est vraiment fluide.
Passons à l'électrique ! Promis, ça ne sera pas trop long. Comme toute hybride, vous pouvez aussi rouler en 100% électrique et en boite automatique. Ici, pas d'à coup, les rapports passent sans souci mais à ce que j'ai testé, vous êtes limités à environ 65 km/h et l'autonomie est d'à peine 12 kilomètres. Mais à quoi ça sert ? Hé bien, je pense qu'avec toutes les restrictions que certains écolos veulent imposer, on pourrait à terme avoir certaines zones interdites au thermique et avec ce mode, vous pourriez y passer si l'autonomie le permet. La batterie va se recharger après en roulant avec le thermique mais ce n'est pas non plus super rapide. Il faut plusieurs dizaines de kilomètres avant de récupérer ses 12 kms.
Et le mode Walk, je ne l'ai pas oublié mais Kawasaki profite de son moteur électrique pour vous aider à déplacer votre moto à l'arrêt. Elle accuse 227 kg avec le plein, ce n'est pas énorme non plus mais ce mode peut être un petit plus, surtout si vous avez des difficultés pour la déplacer. Vous pouvez même avancer ou reculer la moto avec forcément une vitesse très limitée mais vous pouvez le faire sur ou à côté de la moto. Attention toutefois que l'avant arrière se règle uniquement avec la poignée des gaz. Dans le sens normal, j'avance et en tournant la poignée vers l'avant, je recule. Pas facile parfois de trouver où est le point de changement et parfois, on recule au lieu d'avance ou l'inverse. Mais comme je le dis souvent, question d'habitude et en plus, ça m'a bien aidé pour la rentrer dans mon garage.
Vous l'aurez sans doute relever : 227 kg pour une Ninja, c'est lourd ! Et la partie cycle ne fera pas rêver ceux qui ne pensent qu'aux performances. Une fourche classique de 41mm et un amortisseur réglable en précharge pour les suspensions alors qu'au freinage, ce sont deux disques de 300mm avec des étriers deux pistons et un 250 mm 1 piston qui s'en chargent. Plutôt civilisée donc cette Ninja ! Elle n'est pas là pour taper des chronos! L'ABS est bien entendu de la partie comme sur toutes les motos modernes.
La position du pilote n'est pas non plus trop extrême même pour une Ninja. La selle est assez confortable pour profiter de son autonomie sans le regretter rapidement et la bulle protège un minimum son pilote.
Quand je vous disais en intro que cette Ninja 7 hybride ouvre des portes vers l'avenir, je ne sais bien entendu pas de quoi sera fait demain. Mais il faut reconnaître que le tout électrique peine à séduire à cause de son autonomie et de son silence notamment. Ici, pas de souci de ce côté là, elle sera silencieuse uniquement en mode électrique ou au démarrage, ce qui est un moindre mal je trouve. La possibilité du tout électrique même si il est limité pourrait servir au cas où mais comme on fait le plein d'essence comme une moto classique, pas de risque de tomber en rade en cours de balade (sauf si vous ne regardez pas la jauge). Un bon compromis en fait qui pourrait mettre d'accord certains opposés.
Je me demandais par contre pourquoi ne pas avoir décliné une Versys 7 qui aurait vraiment tout son sens avec cette technologie hybride. Pire, je me suis dit un moment que l'appeler Ninja pourrait la desservir surtout si vous attendez une vraie sportive dans le garage. Pas qu'on ne peut pas rouler vite mais je n'irais pas la comparer à une ZX6 ou 10R.
Par contre, là où Kawasaki marque des points, c'est sur son tarif. On pourrait croire que toute cette technologie va vous faire grimper le prix comme sur certaines motos électriques et en fait, ils sont restés très raisonnables. 8499 euro pour cette Kawasaki Ninja 7 hybride, je trouve ça plus que correct. Envie de découvrir autre chose dans la moto, demandez un essai, ça pourrait vous séduire.
