La MT-07, ce n’est pas franchement une nouveauté, c’est vrai mais elle évolue régulièrement et cette version Y-AMT est encore plus aboutie.
Il ne faudrait pas croire qu’elle n’évolue que sur son look même si son phare avant risque d’avoir des avis assez clivant : on aime ou on n’aime pas mais pour le reste, en bon roadster, elle se limite en carénage avec juste une petite coque arrière qui intègre la selle passager et c’est presque tout. Le moteur bien en évidence, son petit silencieux débouchant juste au début du bras oscillant, la MT-07 n’en fait pas de trop et on en n’attend pas plus.
Petite surprise par contre quand on s’assied sur la selle pilote, les découpes dans le bas du réservoir donnent l’impression que votre moto est un instrument de musique. Direct, ça m’a fait penser à un violon et en fait, je n’avais pas vraiment tort puisque Yamaha a voulu gâter son pilote en travaillant la boîte à air et permettant une amplification du son de l’admission. Autrement dit, vous avez bien un instrument entre les mains qui ne demande qu’à vous chanter une belle mélodie qui se montrera encore plus enivrante en tournant la poignée droite.
Parlant de poignée justement, vous aurez remarqué que notre moto n’a pas de levier d’embrayage et pour cause, Yamaha se met aussi à la boîte automatique. Si je devais résumer, je vous dirais que vous avez la moto idéale pour débutant : impossible de caler avec cette moto. C’est bien mais d’un côté ça soulève une question importante, comment ça se passe pour le permis ? En voiture, la distinction boite manuelle et auto est nette mais à moto, celui qui apprendrait sur une boîte auto aura sans doute quelques difficultés à passer sur une manuelle.
Ceci dit, il faut reconnaître que ça vous facilite la vie. Vous avez le choix entre les modes automatiques D ou D+ ou semi-automatiques Route, Sport ou Custom. Pas besoin de vous détailler les D et D+, vous enclenchez la première et ensuite, il suffit de tourner la poignée de gaz. La MT07 va gérer elle-même le passage des rapports, à la montée ou à la descente avec en D+, un peu plus de sportivité en passant les rapports plus haut dans les tours, c’est un peu son mode sport. Pour l’arrêt, pas besoin de chercher l’embrayage, vous freinez, vous vous arrêtez et c’est tout, elle reste en première et quand vous ouvrez les gaz au feu vert, elle repart. Simple, efficace et facile.
On a parfois peur avec ces boîtes automatique qu’elles ne passent un rapport quand il ne faut pas et là, je ne vais pas vous mentir, ça peut arriver. Il se peut donc qu’en plus virage, la boite décide de descendre un rapport parce que votre vitesse a trop diminué. Rien de dramatique la plupart du temps mais c’est vrai que ça peut être surprenant et je me disais souvent que je n’aurais pas choisi ce moment là pour descendre de vitesse mais l’IA faisant de plus en plus son apparition dans notre monde, la technologie pourrait sans doute encore évoluer.
Pour le mode semi-automatique, vous avez au guidon gauche les boutons + et – pour monter et descendre les vitesses avec en prime une réponse différente en fonction du mode choisi. Je reste un peu dubitatif et n’hésitez pas à donner votre avis si vous en avez une, passez vous vraiment votre temps autrement qu’en auto ?
Ca fonctionne très bien, les passages de rapports sont parfois même plus lisses qu’en auto mais il faut prendre le pli de changer en appuyant sur un bouton au guidon, même s’ils sont bien placés. Question d’habitude peut-être avec des années de boîtes classiques et ceux qui seront élevés avec ces nouveautés riront peut être de mon avis dans quelques années.
En tout cas, cette Y-Amt sied assez bien au CP2 puisque c’est bien lui qu’on retrouve au centre de cette MT-07 avec ses 690cc qui vous offre 73,4 cv à 8750 tours/min. Rassurez-vous, c’est largement suffisant pour s’amuser et avec un poids de 186 kg avec son plein, elle reste un vrai jouet pour les grands. Enfin, grands, je ne parle pas de taille parce que la selle à à peine 805mm la rend accessible à beaucoup de pilotes, homme ou femme. Le couple de 68 NM à 6500 tours est bien là et permet de belles accélérations, accompagnée en prime du son plus que sympa de la moto et de sa fonction instrument de musique 😉
Pour accompagner tout ça et vous rendre la moto plus facile encore, Yamaha ajoute un contrôle de traction désactivable (allez savoir pourquoi !). On a même droit à un régulateur de vitesse, c’est presque un luxe sur un roadster de cette cylindrée mais au vu des contrôles de plus en plus présents, on ne s’en plaindra pas. Attention que celui-ci n’est disponible que sur cette version Y-AMT.
Embourgeoisée la MT-07 ? Non mieux équipée mais toujours aussi joueuse avec une bonne partie cycle. A l’avant, une fourche inversée de 41 mm et un mono-amortisseur réglable en précharge et détente. Les Dunlop Sportmax Q5A sur les jantes Spinforged lui confère toujours une maniabilité diabolique. Elle se pliera à toutes vos folies (ou presque) et se montrera vraiment efficace et facile à placer en courbe. Vu son poids plume et son agilité, enchainer les virolos est un exercice qui vous filera la banane.
Et comme Yamaha sait que vous allez sans doute abuser un peu, beaucoup, passionnément de votre moto, mieux vaut lui conférer un freinage à la hauteur avec deux disques de 298 mm avec des étriers radiaux à 4 pistons et un 245mm à l’arrière. Ca freine bien et il sera bien difficile de prendre votre équipement en défaut.
Avec tout ça, on oublierait presque que ce ne sont pas les seules améliorations de cette moto puisque la MT-07 gagne aussi des nouveaux commodos avec un arrêt automatique des clignotants et même un clignotement du feu arrière en cas de freinage d’urgence. Vous avez aussi un écran TFT de 5 pouces que vous pouvez connecter à votre GSM et avec l’application Garmin StreetCross, vous pouvez même avoir la navigation virage par virage. J’avoue ne pas l’avoir testée. Je pourrais même mon téléphone devrait avoir toutes les applications de toutes les marques et vu que certaines ont la mauvaise idée de devenir payantes, ça risque de me coute cher si j’oublie de les retirer à temps. Promis, je ferai un effort l’année prochaine et à vrai dire, je pensais le faire pour le deuxième essai mais le planning en a décidé autrement.
Là où je reste un peu sur ma faim c’est que cette légèreté impose aussi un petit réservoir d’à peine 14 litres et même si les consommations des motos modernes sont en amélioration, on aura vite épuisé son contenu. Enfin, j’ai quand même pu faire 240 kms en ne remettant que 10 litres. Gageons que 250 kms, c’est déjà pas mal pour un roadster qui forcément n’offre aucune protection. La selle est assez accueillante mais on n’en demandera pas plus.
A l’usage, ce système Y-AMT est un régal en ville où on reste concentré sur le trafic sans devoir jongler avec l’embrayage. Une fois sorti de l’agglomération, il ne démérite pas pour autant. La boite répond bien et sans à coup dérangeants, il faudra juste ne pas oublier qu’elle va aussi descendre un ou deux rapports si on ouvre en grand les gaz pour un dépassement par exemple. Logique en soi, on ferait pareil mais parfois elle descend vraiment bas et ça peut surprendre. Il y a des moments où je me faisais la remarque que pour certaines courbes ou dépassements, je ne le ferais pas sur ce rapport mais un plus haut, au mieux. Ce n’est pas gênant mais surprenant quand on a l’habitude de gérer tout seul.
Mais quand on prend le temps de la comprendre et de l’apprivoiser, elle se montre toujours aussi joueuse voir même plus qu’avant. On gère juste sa vitesse en entrée de courbe, elle se place toute seule sans effort et on ouvre dès qu’on peut. Le grand guidon offre avec la partie cycle une bonne maniabilité et on retrouve avec plaisir ce roadster parfois crapuleux que certains n’hésitent pas à malmener.
Inflation, augmentation de l’équipement, on doit quand même constater que son tarif a grimpé en atteignant 8599 euros pour la version standard alors que la version MT-07 Y-AMT passe à 9,099 euros. Pour une 700cc, je ne sais pas vous mais je trouve ça cher. Elle se place un peu au-dessus d’une Triumph Trident ou d’un Suzuki GSX-8S, bien plus qu’une Z650 mais il est vrai qu’elles n’ont pas de boîte automatique. Seule la Honda CB650R pourrait rivaliser mais à un tarif plus élevé, plus puissante mais plus lourde. On réfléchira à un essai la saison prochaine. Du coup, c’est plus un avis perso sur le marché de la moto actuel qu’un vrai reproche qu’on peut lui faire. Elle est finalement bien placée face aux concurrentes qui proposent parfois moins d’équipement.
