Dans les années 70, l’arrivée des motos Japonaises a provoqué une levée de boucliers, de résistance de la part de certains motard ancrés dans la tradition des motos Européennes qui trônaient les podiums de vente et occupaient la majorité du marché. 50 ans plus, les motos d’origine chinoises suscitent le même effet. Du Chinois ? Non merci, c’est de la basse qualité, du brol et j’en passe des moins polies…
Ne voulant pas mourir idiot et doté d’une curiosité bien aiguisée, votre serviteur se porta volontaire pour l’essai de plusieurs motos de cette provenance. Alors, pour placer le cadre et expliquer qui est CF Moto, sachez simplement que le groupe est le leader mondial de la fabrication de quads, qu’ils produisent pour BMW, KTM Et MV Agusta. Pas le genre de marques à s’acoquiner avec des associés de mauvaise qualité.
La CF Moto MT 800 Sport qui est essayée ici est un trail à orientation routière, une version Touring apparaîtra plus tardivement dans la saison. Cette déclinaison Sport implique des jantes à bâtons en 19 Pouces pour l’avant et en 17 Pouces à l’arrière. Equipée de pneus au profil routier, elle n’autorise que de rares et courtes escapades hors asphalte et sur terrain roulant et sec. Pour les amateurs d’Off road, la version Touring comblera leurs attentes.
Prenons le temps de détailler cette CF Moto de près, faisons le tour du (futur) propriétaire. D’abord, son design rappelle aussi bien la Triumph Tiger 900 autant que la Yamaha Tracer 900 tout en prenant un air de BMW F850 Gs vue de l’arrière. A savoir que le studio Kiska s’est chargé du design. Avouez qu’il y a pire comme référence ! La qualité des plastiques est impressionnante, les assemblages sont parfaits et la visserie utilisée ne fait pas bon marché. Offerte au prix de 10.990€ dans cette version, elle se décline entre 2 et 3000 € moins chère que ses concurrentes annoncées. En fait, financièrement, elle se rapproche de trails routiers de moyenne cylindrée, telles les V-Storm 650,Versys 650 mais elle louche plus sur les grandes sœurs telles les F850GS, Adventure 890 et autres Tiger 900 et consorts. Pour aller au combat face à ses rivales, cette MT 800 s’est dotée de toute la panoplie dont un motard veut voir sa monture équipée. Nous allons passer en revue dans les paragraphes suivants les différents points de cette CF Moto MT800.
Pour le moteur, pas de soucis. CF Moto fabrique les blocs moteur KTM. On prend donc le bloc moteur bicylindre de 799cc de la Duke 790, on lui fait passer les normes euro5 et on en sort 95cv à 9000T/Min et avec un couple de 75Nm à 7500T/Min, rien de violent à l’usage mais un bloc moteur vigoureux, volontaire et amusant dans le haut du compte-Tours. Commandé par un système Ride By Wire, il est associé à une gestion à deux modes : Rain et Sport. Simple et efficace, pas d’esbrouffe. Il est bien entendu doté d’une injection électronique, d’un refroidissement liquide, de 4 soupapes par cylindres.
La partie cycle est dotée d’un cadre tubulaire en acier et d’un bras oscillant ressemblant fort à la production autrichienne aussi. Une fourche inversée de chez KYB avec réglages séparés pour la détente et la compression donne un débattement de 160mm. Le mono amortisseur arrière de chez KYB aussi offre un débattement de 150mm et divers réglages. Pour une moto de ce budget, c’est déjà mieux que les concurrents. Il faudra être attentif aux réglages car d’origine, notre exemplaire d’essai était réglé très souple pour un confort accru mais au détriment de la tenue de route parfois hésitante. Après quelques clics par ci par là, c’est rentré dans l’ordre.
Pour les roues, des jantes à bâtons coulées dans les tailles de 19 et 17 Pouces. Anecdote, les versions à rayons de la Touring auront les mêmes dimensions. Ces jantes sont chaussées en 110/80/19 et 150/70/17. Les pneus MAXXIS installés sur notre moto d’essai ne comptaient que 900 kilomètres et affichaient déjà des marques d’usure prononcée. A voir comment le rodeur a traité la moto avant de nous la remettre. Maintenant, dans ces dimensions là, vous trouverez votre bonheur dans toutes les marques. Personnellement, sous la pluie, quelques décrochages de l’arrière ont vite refroidi nos ardeurs.
Pour freiner cette MT 800, des étriers J. juan à 4 pistons radiaux pincent des disques flottants de 320mm devant tandis qu’à l’arrière, un disque de 260mm est pincé par un étrier. Le tout est placé sous la surveillance d’un ABS actif en virages Bosch. Le bémol vient de la rapide intervention de l’ABS sur le frein arrière, il n’y a pas trop de nuances dans son intervention. Dommage car les freins avant offrent puissance et une belle progressivité.
La longueur de 2234mm avec une largeur de 853mm et un empattement de 1531mm en font une moto relativement bien stable. La hauteur de selle est de 825mm et permettra à tout motard de 1,70m de poser les pieds à plat au sol. Le poids à vide de 251kg en état de marche ne se ressent pas trop. Cette CF Moto MT800 est équilibrée et se laisse piloter facilement, elle est une bonne compagne de jeu en ville et sur le ring aussi. Sa vivacité en fait une moto accessible aux moins expérimentés d’entre nous et pas mal de motardes pourraient en faire leur monture.
L’équipement électronique embarqué place cette CF Moto en haut du panier dans sa catégorie. L’écran TFT de 7 Pouces conjugué avec une application connectée pour votre smartphone permettra de passer et de recevoir des appels, d’écouter votre musique et de naviguer en roulant. C’est en théorie, le top du top comme les marques Premium. Malheureusement et temporairement, un bug affecte cet écran. Il doit recevoir une mise à jour pour résoudre ses problèmes de jeunesse. Vous ne pouvez pas passer d’appels, juste en recevoir et autre détail agaçant, l’horloge intégrée se dérègle constamment. Après 3 jours à la régler sans arrêt, nous avons abandonné. Rien de grave, des petits défauts de jeunesse dont ne sont pas épargnés les autres marques. Sinon, cet écran TFT s’avère lisible dans toutes les conditions, est idéalement placé dans le champ du regard du pilote et offre une touche de classe à l’ensemble. Il va cependant vous armer de patience car la navigation dans les menus est loin d’être intuitive et souvent, nous sommes ressortis et revenus dans les menus pour parfois laisser tomber et rouler sans être connecté.
Le régulateur de vitesse d’origine est bien utile dans cette sombre période de contrôle de vitesse constant. Il se règle du bout du doigt entre 40 et 130km/h et seulement sur le quatrième, cinquième et sixième rapport. Bizarre mais bon, c’est ainsi. Une double prise USB sur la gauche de la tête de fourche est associée à une prise 12 Volt classique sur le côté droit. Les leviers sont réglables donc accessibles à tous. La bulle assez droite se règle en hauteur via deux molettes donc réglage interdit en roulant. Rien de rédhibitoire mais quand on en a l’habitude, c’est une petite déception de ne pas pouvoir le faire.
Bon assez de technique et de théorie, prenons la route !
On reconnait dès le démarrage le bloc moteur et ses origines Autrichiennes. Rugueux comme un bucheron, il flatte vos oreilles par son grondement même via le silencieux d’origine. En dessous de 2500T/Min, il est moins agréable, grogne, cogne et transforme le guidon en poste de pilotage de marteau-piqueur. Passé ce cap, il se transforme, révèle une fougue insoupçonnée et offre un sacré plaisir de pilotage. Le mode Sport est le plus adapté des deux. Sous la pluie, le mode Rain anesthésie le tout, donnant l’impression d’avoir un câble d’accélérateur à rallonge. Les assistances sont là pour vous aider et ce mode Rain ne nous semble pas indispensable. Il a au moins le mérite d’être présent d’origine. Les rapports de boîte se verrouillent d’un coup sec et la commande est franche. L’embrayage anti dribble est à commande par câble et est assez progressif. Les accélérations laissent derrière vous les frimeurs qui rigolaient au feu rouge. Rassurez-vous, les larges et biens installés rétroviseurs vous permettront de les contempler avec le sourire. La position de conduite est droite, le dos est bien soutenu, le grand guidon au cintre bizarre permet de rouler les bras posés et favorise le guidage de cette CF Moto MT800. Les repose-pieds pilotes et passagers sont crantés de type enduro et sont agrémentés de blocs en caoutchouc qui absorbent les vibrations sans se montrer glissant. Ils sont amovibles mais il faudra sortir le tournevis alors. Tournevis fourni dans la belle petite trousse à outils sous la selle.
Les trajets autoroutiers ne sont pas des plus plaisant mais font partie de la vie quotidienne de certains motards. Sur ce type de route, la MT800 tire son plan. Régulateur placé sur 120, la bulle en position haute, il est possible de vider un plein sans souffrir d’inconfort ou d’instabilité. Les 19 litres du réservoir permettent des étapes de 350km, ce qui n’est pas mal du tout et permettent de voyager vite et loin. La conception de ce moteur avec son double balancier et le calibrage de l’injection autorise des reprises franches et nul besoin de rentrer un ou deux rapports pour dépasser les chicanes mobiles se traînant devant vous. Attention à votre permis d’ailleurs, un bon 200Km/H en pointe est facilement atteint.
Sortons de l’autobeurk et passons voir ce que vaut la MT800 sur le réseau secondaire avec des virages. Là, cette MT800 révèle un potentiel intéressant en se posant comme une routière déguisée en Trail et offrant à son pilote, je dis bien pilote, de sacrées compétences pour aller jouer dans les courbes. Notre passagère s’en souvient encore et certains motards rencontrés dans la vallée de la Molignée en sont restés sans voix. Belle surprise à condition de bien régler les suspensions sinon, ce sera cheval à bascule sur chaque freinage ou accélération. Sentiment très désagréable mais qui disparaît avec un bon réglage. Les pneus étroits sont les alliés des changements d’angle rapide et il faudra rester attentif pour ne pas laisser des morceaux de repose-pieds dans l’asphalte. Cette moto mérite des pneus bien plus sportifs que sa monte d’origine.
De nuit, c’est Versailles. L’éclairage Full Leds est puissant, complet et assisté par des longues portées montées d’origine entre le carénage et les crash bars. Joli geste de ne pas les avoir comptés en option. D’autres marques pourraient en prendre de la graine… Les clignoteurs, Leds eux aussi, dont l’option Warning idéale pour les navetteurs.
La selle pilote est bien dessinée, confortable et au vu des remarques de ma passagère, les selliers ne feront pas des affaires avec les propriétaires de MT800. Une longue journée de roulage en duo a confirmé ce confort. Seule la bagagerie encore manquante a fait défaut, elle arrive et les supports sont déjà installés d’origine tout comme les crash bars. La béquille centrale en option se révèlera indispensable pour le graissage de la chaîne de transmission.
Bon, pour finir, cette CF Moto MT800, elle vaut quoi ? Déjà, elle vaut ses 10.900€, c’est clair. Cette moto est une très bonne surprise et il faut vous rendre à l’évidence, elle est bien née. Elle va attirer les motards cartésiens qui ne se gonflent pas d’orgueil du fait du logo de la marque de leur moto. Oui, CF Moto ne fait pas rêver mais offre une alternative bien pensée aux marques plus chères. A voir la qualité de fabrication et les matériaux utilisés, la tenue dans le temps ne semble pas problématique. Les petites maladies de jeunesse sont connues et les solutions déjà mises au point. Le comportement est agréable, le moteur plaisant, les options accessibles financièrement. Le réseau de vente se développe doucement et les échos positifs apparaissent de partout. Mes confrères sont aussi étonnés que moi et les discussions d’après essai furent savoureuses d’échanges remplis de mauvaise foi mais toujours avec la conclusion suivante : si tu oublies le nom, tu as une chouette moto, complète pour le prix d’une moyenne cylindrée bien moins équipée. Effectivement, le plus gros frein au succès de cette CF Moto MT800 est son nom et sa provenance comme ses ancêtres asiatiques dans les seventies. Mais croyez-nous, cher lecteur, passez outre de vos doutes ! Bookez un essai chez un dealer, partez rouler, c’est la meilleure façon de vous rendre compte et de vous faire votre propre idée ! Vous risquez d’être agréablement surpris et votre banquier aussi !
Lolobadboy
www.CFmotobenelux.be
